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Pierre-Olivier Fréchet-Martin / SYSTÈME 0.48B

En franchissant le pendillon, ça m'a plongé dans un souvenir de lumière... une bizarrerie assez commune dans le catalogue des rêves d'enfants. La petite ampoule de veille, et les lumignons en bordure de la fenêtre, qu'il était bon de les regarder longuement une fois couché dans son lit, en fermant les yeux juste assez pour se créer l'illusion d'une comète ou d'un météore traversant la chambre en sautillant...

C'est dire tout le poids de réminiscences que porte en elle l'installation de lumières signée Pierre-Olivier Fréchet-Martin. Intitulée Système 0.48B, l'installation est aux premiers abords assez chaleureuse. Chacune des 48 ampoules électriques à incandescence est à portée de la main : on peut s'en approcher, en faire le tour, les observer longuement jusqu'à extinction de leur flux, les toucher, les sentir, les écouter, comme s'il s'agissait d'un fruit à pelure translucide, mieux, comme s'il s'agissait du centre de la terre dépouillée de son écorce de glaise et de poussière. Opération technique et visuelle formidablement réussie, le Système 0.48B offre en prime une savante introduction à la théorie des nuages «pixellisés» en régime aléatoire : Alfred Steiglitz serait ravi !

E
n fin de course, on traverse le grand nuage luminescent à rebours, pour quitter l'ensemble en fermant les yeux juste assez pour voir des langues de feu réfléchies sur le sol, alanguies de ténèbres, tel le feraient sans broncher des particules élémentaires cachées derrière une belle draperie astrale.

À la Galerie des arts visuels, Université Laval, Québec


Article publié le 15 mars 2010

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